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Résonance, exposition née de la rencontre du photographe Ferrante FERRANTI avec PIRANESE

Résonance est une exposition née de la rencontre du photographe Ferrante Ferranti avec Piranese, par l’entremise de la série de gravures qui composent la riche collection du château de Lourmarin. Invité, jadis, à un mariage dans le cadre du château, le photographe avait été fasciné par la beauté de celles-ci. Dès lors, était né le rêve de pouvoir, un jour, y revenir et accomplir une démarche artistique. Bernadette Amoros, s’en étant ouverte au président de l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d’Aix d’alors, celui-ci intéressa à l’affaire le président de la Fondation Robert Laurent-Vibert de Lourmarin, Max Michelard, les bénévoles dévouées du château Danielle Antonelli et Janet Mead et la directrice culturelle Caroline. De retour au château et découvrant l’ensemble de la collection de Piranèse, notre photographe propose une démarche originale consistant à mettre en résonance un certain nombre de ses photographies avec les gravures de Piranèse qui présentaient des similitudes. Voici la genèse de cette magnifique exposition. On peut maintenant se poser la question de savoir comment Robert Laurent-Vibert a pu rassembler une telle quantité d’œuvres de l’artiste italien. La réponse tient au fait qu’il avait fait la connaissance, en son temps, du plus grand spécialiste du graveur qui avait pu l’orienter et le conseiller. L’originalité du vénitien Piranese provient de ce qu’il était architecte de formation et qu’il avait appris la perspective chez un décorateur de théâtre. Ses premières œuvres étaient plutôt petites et accordaient une grande place au blanc. S’il avait choisi de représenter des ruines, c’est parce que c’était là qu’il avait rencontré…sa femme ! Les collectionneurs de son époque étaient friands de ses gravures. Il faut souligner cependant qu’il créait aussi des mondes qui n’existaient pas. Vers la cinquantaine, ses œuvres vont revêtir des formes plus torturées. On sait par exemple qu’il s’est intéressé aux prisons dont il a donné des représentations imaginaires. L’art romain et l’art grec vont aussi le fasciner mais il hésitera entre les deux…se demandant lequel privilégier. Ces ruines sont aussi une réflexion sur les vanités ! En sa qualité d’architecte il n’a accompli qu’une réalisation très tardive d’ailleurs, la rénovation du prieuré de l’ordre des chevaliers de Malte sur l’Aventin à Rome à la demande d’un prieur d’origine vénitienne. C’est seulement à la fin de sa vie qu’il va découvrir les ruines de Pompéi et Paestum ce qui nous a privés de développement dans ce domaine. Ses livres de gravures s’ornent de frontispice que l’on peut découvrir à la faveur de cette exposition. Le choix de Ferrante Ferranti a consisté à mettre en résonnance des photos qui appartenaient à sa collection et qui jouissaient finalement d’un éclairage semblable car, architecte de formation, il a réalisé des décors de théâtre au début de sa carrière. Les ruines et monuments antiques l’ont toujours passionné. N’a-t-il pas tenu à célébrer ses vingt ans en se rendant au Panthéon de Rome. Ses premières photos ne représentent-elles pas des chevaux traversant fugitivement des ruines ou une petite fille parcourant une église dominicaine sans toit ? Informé de la démarche, éclairé sur leurs auteurs, le visiteur pourra méditer sur les ruines qui sont un équilibre entre le temps et la vie, tout en découvrant gravures et photographies superposées, dans une belle mise en scène amplifiée par la majesté du château qui les héberge. B. MILLE